lundi 28 octobre 2013

L'amarante


En parallèle avec ce blogue, je navigue désormais sur le site Mauvaise herbe. J'y accosterai au moins une fois par mois.

Mon premier texte : L'amarante

Depuis plus d’un an je promène mes yeux dans le sillon des mots publiés sur le site Mauvaise Herbe. Séduite bien souvent. Avant même d’en découvrir le contenu, incontestablement alimenté par des passionnés recrutés par Marielle Couture et Joël Martel, mon esprit était titillé par l’heureux mariage de ces deux mots évocateurs « Mauvaise herbe ». À l’heure d’une quête identitaire qui frappe de nombreux pays occidentaux, confrontés au choc des cultures inévitablement accéléré, sinon accentué, par la mondialisation des marchés et de la main d’œuvre, je coiffe volontiers l’idée de m’affirmer comme Mauvaise Herbe. En répondant à l’invitation de collaborer à cette tribune je reconnais avec fierté vouloir demeurer le souci des malherbologues.
Qu’est-ce donc qu’une mauvaise herbe sinon une plante dont on n’a pas encore découvert les vertus ? D’ailleurs l’intégralité des plantes adventices possède une grande valeur botanique et écologique. Elles favorisent la biodiversité, elles permettent de rééquilibrer le sol et de l’enrichir en matière organique. 
Lisant cette phrase sur le site Alsagarden créé par un jeune horticulteur alsacien Lucas Heitz (découvert au hasard de mes navigations sur la Toile), j’ai trouvé qu’au sens propre comme au figuré elle résumait superbement ce que je pense.

Surnommée Mademoiselle Pourquoi dès ma plus tendre enfance, mes souvenirs foisonnent d’exemples qui me confortent dans mon identité avouée. Transplantée à 3 ans dans une famille d’accueil pour raison de santé, arrachée à ma terre d’origine pour déraison de famille, j’ai 9 ans quand j’affronte le rejet intégral de ma présence à l’école dès que trahie par mon accent. Je passerais pour minorité non visible si je n’étais pas audible dans ce Montréal où je ne prendrai pas racines. Mise en serre à 10 ans dans un pensionnat de Jonquière pour espoir de dompter un caractère rebelle, j’y apprendrai l’art de crocheter les serrures pour, la nuit, piller les livres mis sous clé et nourrir ma soif d’apprendre. Plus tard, le collège est terre fertile à la révolte. Bien que présidente de classe, j’en suis fréquemment expulsée pour mes questions mettant en doute les enseignements traitant de religion, d’histoire et de sociétés. Pour mon bonheur, ces mises en exil punitif m’expédiaient dans l’antre du plaisir absolu : la bibliothèque.
Exaspérante pour les jardiniers de ma vie, qu’ils aient été mes professeurs, mes employeurs ou ma famille, ils ont pourtant contribué à développer ma nature profonde. Je leur doit beaucoup. Aujourd’hui, sur cette terre en friche qu’est encore la planète,  je souhaite prendre la forme de l’amarante et contribuer si possible au cauchemar des Monsanto de ce monde.

Voilà. Maintenant que, présentation faite, il me reste à écrire une chronique à un rythme indéfini, ma tête est comme une forêt aux essences multiples. Tombent les feuilles alors qu’il y a urgence de les saisir au vol pour ne pas rater la saison. Violence, corruption, charte, économie, dégradation des emplois, déclin de la presse, élection, éducation, famille, culture, laïcité, liberté, égalités des droits pour les hommes, les femmes et les enfants, environnement, politique, autant de thèmes qui se bousculent au bout de mes doigts sur un clavier de 26 lettres… et pourtant sans limite.

Je me  restreindrai cette première fois, le temps d’évaluer la direction du chemin que j’ai accepté de prendre et de partager dans le jardin de Mauvaise Herbe. Qu’on se le tienne pour dit, mon credo est fait de doutes et de paradoxes.



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