vendredi 16 octobre 2009

Nécrophagie littéraire

Scène de nécrophagie -
Photo Christophe Eyquem



J'éprouve un grand malaise à la lecture des intentions avouées de Bertrand Visage des éditions du Seuil, éditeur français de Nelly Arcan. Celui-ci veut fouiller les entrailles de l'ordinateur de l'auteure, morte par suicide à 36 ans alors que son livre Paradis, clé en mains était sous presse.

Nelly Arcand
Lors de son passage à l'émission Tout le monde en parle
Photo Radio-Canada


Il envisage de publier le roman «inachevé» de 40 pages sur lequel elle travaillait, espérant franchir le mot de passe de l'ordinateur de Nelly pour en extraire d'autres écrits inédits et les publier aussi advenant qu'ils «présentent un intérêt littéraire».

Bertrand Visage
Photo Hubert Hayaud

Les réactions outrées lui feront sans doute faire machine arrière. Mais il y a pensé… et d'autres avec lui.

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3 commentaires:

  1. Je suis tout à fait d'accord avec ce commentaire sur Nelly Arcan. L'image du vautour est forte. Me voilà fan de vous.
    JL

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  2. Je n'arrive pas à me faire une opinion finale là-dessus... Me revient toujours en tête le fait que Kafka ait demandé à son exécuteur testamentaire de détruire tous ses manuscrits après sa mort... Pas d'Amérique, pas de Procès, pas de Chateau... Bien sûr, l'humanité n'aurait pas connu l'ampleur de la perte si ces romans inachevés avaient été brûlés.

    Mais comme nous ne vivons pas à la même époque que Kafka et que le Marché est roi, je peux comprendre que la démarche de Visage puisse nous apparaître comme une forme de vampirisme avec des visées purement mercantiles.

    Mais je n'arrive tout de même pas à trancher !

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  3. Vous avez raison Mike, on peut hésiter à trancher devant le respect des volontés d'un créateur et le désir de ne rien perdre de son héritage. Bien sûr, l'exemple de Kafka accentue la réserve que l'on peut avoir. Mais il y a d'autres exemples moins heureux. S'il faut transgresser la volonté d'un auteur à l'égard de son œuvre, que l'on ait au moins la décence de laisser passer un temps nécessaire au recul. Cela mérite réflexion... prudence... et respect.

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