dimanche 5 août 2007

La critique

« La critique est aisée, et l’art est difficile. » écrivit Philippe Néricault Destouches dans Les Glorieux. Pas tellement convaincue de cela...

J’ai été, un soir passé, l’otage consentante d’un artiste, la palette remplie des verts d’une certaine Afrique. Vernissage privé d’une trentaine de toiles, réalisées là-bas. Chacune était la copie de l’autre, clones involontaires qu’il était dangereux de dénoncer. L’insistance était si grande pour savoir ce que j’en pensais qu’il me semblait impossible de me soustraire à la critique demandée. J’ai fait silence du regard. Les mots étaient inutiles. Plus de trois mois de travail réduit au silence!

Il ressemblait à un duelliste surpris par un coup d’estoc.

Il a allumé un feu dans l’âtre de son atelier. Y a déposé une première peinture.

- Et maintenant, tu dis quoi ?

- Que si tu les brûles un à un, on a le temps d’ouvrir une bouteille de rouge.


Quelques verres et longs échanges sur les peintres incompris plus tard, il m’a dit:

- Le plus difficile c’est de savoir que tu as raison....

- ....

- Pourquoi, pourquoi les autres autour de moi, pourquoi tous ont-ils dit qu’ils les aimaient?

- Parce qu’ils t’aiment toi.

- Et pourquoi toi, es-tu la seule à penser que ces toiles sont bonnes à brûler?

- Je ne suis pas la seule. Tu le penses aussi puisque tu les brûles.

- Et tu ne m’aimes pas non plus...

- ....


Se taire est parfois éloquence.

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